Procès
en appel de Michel Tabachnik – Ordre du Temple Solaire
Cour
d'Appel de Grenoble – 14 juin 2004
Ce procès en appel, déjà renvoyé une première fois au lundi 14 juin 2004, suite aux demandes de toutes les parties civiles, a été à nouveau renvoyé au 13 juin 2005, ce qui nous laisse une année pour avancer dans l'approfondissement de l'enquête et obliger ainsi le système judiciaire à remettre en cause l'instruction conduite par le juge Fontaine : les aveux que le Docteur Abgrall a commencé à faire sur son expertise truquée devraient nous y aider. Cette affaire est ainsi très loin d'être close.
Nous présentons ici les conclusions que j'ai réussi à exposer verbalement devant la Cour d'Appel pour 75% de leur contenu et qui ont été remises au Tribunal et à toutes les parties en présence (Maître Alain Leclerc, avocat de la famille Vuarnet et de plusieurs autres familles, Maître Pesanti, avocat de l'UNADFI et de quelques autres familles, Maître Spziner, avocat de Michel Tabachnik, M. Azéma, Avocat Général).
Le Président Jacques Buisson nous a tout de même prévenu : c'est la dernière fois qu'il accepte un renvoi... Pour assurer la sérénité des débats l'an prochain, il va donc être lui-même obligé de faire en sorte que cette sérénité soit possible : ce qui peut être très lourd de sens. Car, pour que ces débats puissent être sereins, il va bien falloir que la vérité soit dite et assumée par le système judiciaire... Nous ne sommes pas encore au bout du travail à faire mais je crois bien que nombre d'acteurs vont se mobiliser sur ce dossier : "affaire d'État" a dit lui-même à la presse il y a plusieurs mois le Docteur Abgrall...
Conclusions de parties civiles présentées par :
Christian Cotten
Politique de Vie
Omnium des Libertés
Réjuta Paulais
Ayant pour avocat Maître Jean-Pierre Joseph
Boulogne-Billancourt, le 14 juin 2004
En ce 14 juin 2004, nous observons que M. le Docteur
Jean-Marie Abgrall, actuellement mis en examen par le juge parisien Thouvenot,
parle depuis février 2003, dans la presse ou dans le cadre de l'instruction
conduite par M. Thouvenot, à propos de l'OTS, d'une "affaire d'état"
qui n'aurait plus grand chose à voir avec un "massacre-suicide
en vase clos" comme l'institution judiciaire et lui-même ont tenté
de le faire croire à l'opinion publique depuis 1994.
Ainsi, M. le Docteur Abgrall avoue-t-il avoir lui-même menti depuis
1994, dès le lendemain des meurtres du Vercors, en tentant
de faire croire à l'opinion publique et à la justice à
la thèse d'un suicide en vase clos d'illuminés.
Tout le monde sait désormais que cette thèse est absurde et
sans fondement : oui, l'opinion publique, du moins une très
grande partie, a désormais compris que les morts du Vercors ont été
assassinés par un commando extérieur et que certaines personnes
ont utilisé le système judiciaire pour cacher cette vérité-là
et éviter qu'elle soit mise à jour.
M. le Docteur Abgrall parle lui-même des réseaux Foccart
et des réseaux Gladio, de l'Amorc et du Sdece, futur DGSE ou encore
de M. Vincent Planque, membre éminent de la loge maçonnique
Opéra et dirigeant du Sdece. Tout ceci nous rapproche fort
étrangement des services secrets de l'armée française
et d'affaires bien banales de trafics d'armes mises en œuvre par certains
réseaux mélangeant mafia organisée à l'échelle
internationale, membres de sociétés occultes et représentants
de la fonction publique de l'état français.
Je suis partie civile à ce procès pour une raison très
simple : tant à titre personnel que comme Président de Politique
de Vie représentant plusieurs centaines de personnes dans la même
situation que la mienne, je suis victime depuis plusieurs années des
discriminations et harcèlements mis en œuvre par certains acteurs
de l'État français, au mépris des droits de l'homme les
plus fondamentaux, dans le cadre de ce qu'il faut bien appeler "la chasse
aux sectes", moderne chasse aux sorcières.
Or, cette "chasse aux sectes" – dont M. le Docteur Abgrall vient d'annoncer officiellement qu'il l'abandonnait lui-même après en avoir été un des acteurs majeurs – est précisément justifiée dans deux rapports parlementaires par le caractère soi-disant dangereux des "sectes", qui serait démontré par les "suicides" de l'OTS.
Or, il apparaît aujourd'hui que ces "suicides" sont bien en
réalité des meurtres et il se pourrait bien, précisément,
que nombre de ceux qui prétendent dans ce pays mener la "chasse
aux sectes" soient dans le même temps quelque peu concernés
par ces meurtres-là…
Car, précisément, comment se fait-il que M. Raymond
Bernard, Grand-Maître de l'AMORC, d'où est issu, par l'étape
intermédiaire de l'ORT, l'OTS proprement dit, n'ait jamais été
entendu lors du procès de M. Tabachnik ici même à Grenoble
? Serait-ce parce que M. Raymond Bernard est un ami proche de M. William Abitbol,
lui-même bras droit de M. Charles Pasqua pendant des années ?
M. Raymond Bernard, tout comme ceux que je viens de citer, aurait-il été
protégé dans cette affaire alors qu'il y aurait tant de questions
à leur poser publiquement à propos du contexte historique et
politique des massacres du Vercors ?
Car, précisément, comment se fait-il que, pour une affaire de
74 morts, dont 16 dans le Vercors, un seul juge ait été nommé
pour mener l'instruction, quand, dans l'affaire Elf, qui n'était qu'affaire
de finances, deux à trois juges ont travaillé ensemble, sans
compter les équipes de police et leurs gardes du corps ? Et ce, quand,
dans le même temps, M. Luc Fontaine faisait l'objet de pressions et
de menaces de mort. M. Luc Fontaine, unique juge d'instruction dans l'affaire
de l'OTS, aurait-il été contraint de céder aux pressions
? Et ce, alors que, dans la même période, certains juges de l'affaire
Elf, eux, étaient contraints de démissionner face aux pressions
et menaces de mort dont ils étaient victimes ?
D'une façon générale, le système judiciaire,
trompé notamment par ces experts du nom d'Abgrall et de Chaumeil, dont
on s'aperçoit aujourd'hui qu'ils ont totalement failli aux devoirs
de leur fonction, n'aurait-il pas été instrumentalisé
discrétement mais efficacement par ceux-là mêmes qui seraient
directement concernés dans la décision et la mise en oeuvre
des massacres de l'OTS ?
Comment se fait-il, Monsieur le Président que, pendant le déroulement
de l'enquête, le seul policier en charge du dossier, M. Houvenaghel,
ait cru bon de prendre comme maîtresse une personne proche d'un témoin
significatif de ce dossier ? Sommes-nous là en présence d'une
banale affaire de cœur ou d'une opération de gestion habile d'un
policier par une personne envoyée en mission pour ce faire ?
Comment se fait-il que le juge Luc Fontaine ait dû faire face seul à
une enquête multidimensionnelle, pour laquelle il n'était très
certainement ni préparé ni formé sérieusement
? Ne serait-ce pas, précisément, pour l'empêcher de mener
la véritable enquête, qui n'a pas encore été faite
dans cette affaire, à savoir celle qui nous mènerait vers la
Suisse, ses hommes d'affaires mafieux et ses trafiquants d'armes internationaux
ou encore vers l'Australie ou le Canada ? Car tout le monde le sait désormais,
l'affaire de l'OTS est aussi et sans doute surtout une affaire d'argent, sans
doute aussi complexe que celle du dossier Elf.
Comment se fait-il, Monsieur le Président, que, précisément, la justice Grenobloise n'ait pas eu les moyens de mener cette enquête ?
Il se trouve que, à ce jour, d'autres juges ont mené une partie
de cette enquête-là. Un modeste procureur du Tribunal d'Évry,
dont je tairai le nom pour le moment, s'emploie ces jours-ci à préparer
le renvoi en correctionnelle d'un dossier de près de trente tomes d'instruction.
Il se trouve que, précisément, apparaissent dans ce dossier
purement financier plusieurs personnes du nom de Di Mambro. Ainsi que le nom
de M. Spziner, comme avocat de certaines parties au dossier, après
avoir été lui-même avocat de M. Tabachnik. Étrange
hasard. Nous serons partie civile dans ce dossier, le moment venu, tant ses
liens avec l'affaire débattue ici sont évidents.
Tout le monde sait désormais que le dossier de l'OTS ne pourra
pas être clos avant de nombreuses années. Je travaillerai
sur cette affaire vingt ans encore s'il le faut. Mais il doit être très
clair que, tant comme citoyen européen victime des violences institutionnelles
initiées par cette affaire que comme Président d'un parti politique,
jamais je n'accepterai que la justice française reste intoxiquée
et manipulée par ceux-là mêmes dont l'on finira bien un
jour par démontrer les responsabilités dans ces massacres.
Pour tous ces motifs, je demande donc le renvoi du procès d'aujourd'hui,
jusqu'à ce que l'instruction de M. Thouvenot concernant M. Abgrall
et Chaumeil arrive à son terme.
Christian Cotten