L'État Français est-il encore un état de droit ?

 

Lettre ouverte à M. Humetz, doyen des juges d’instruction du TGI de Paris

 

Christian Cotten, 25 juillet 1999

 

Chasse aux Sectes, financement illégal des partis politiques, marchés truqués, organisation mafieuse de la formation des élus, délation d'état, vaccinations abusives et emprisonnement des médecins...

L'État Français est-il encore un état de droit ?

 

1. Oui, monsieur le juge, je le confesse, je brûle de l'encens !

Le 17 juin dernier, Messieurs Guyard et Brard, députés et respectivement président et rapporteur de la Commission Parlementaire d'enquête sur la situation financière des sectes, ont publié le rapport les Sectes et l'Argent, vendu à la librairie de l'Assemblée Nationale au prix de 60 frs et disponible sur Internet.

Page 141 de ce rapport, reprise quasi intégralement par le journal Entreprises et Carrières du 29 juin, les auteurs de ce rapport parlementaire écrivent les assertions suivantes.

Les activités de formation dispensées par d'autres sociétés liées à la Scientologie peuvent atteindre des montants conséquents.

(...) Cinq organismes ont déclaré au titre des deux derniers exercices disponibles (96 et 97) des chiffres d'affaires non négligeables, et semblent avoir une activité récente et particulièrement florissante. Il s'agit des structures suivantes : F..... T..... (2,6 millions), Stratégique (3,5 millions) ... (suivent les noms de 3 autres sociétés).

La société Stratégique, que j'ai fondée en 85 avec plusieurs universitaires psychosociologues, a effectivement réalisé un chiffre d'affaire de 3,5 millions en 96/97. Nous exerçons du mieux que nous le pouvons notre métier de formateurs en relations humaines et management des entreprises, nous réalisons des bilans de compétences, dans le cadre prévu par la loi, et nous accompagnons des personnes dans des activités psychologiques de groupe ou au cours d'entretiens individuels.

Nos clients individuels viennent le plus souvent des catégories sociales les plus favorisées par la culture, nos clients entreprises font partie des plus grands noms de notre économie nationale ou européenne.

Nous déployons depuis 15 ans une activité centrée autour de ce qui est nommé communément « développement personnel » et nous faisons appel pour ce faire à l'ensemble des ressources disponibles dans le champ des sciences humaines appliquées et des praxéologies et méthodes psychopédagogiques, telles que les théories systémiques, l'analyse transactionnelle, la programmation neurolinguistique, la sophrologie ou les arts du théâtre. La culture psychanalytique, notamment jungienne, irrigue aussi fréquemment le discours de nos intervenants, tous diplômés de l'enseignement supérieur dans différentes disciplines.

Il est très fréquent que la maison où nous accueillons nos stagiaires et nos clients en psychothérapie soit parfumée par des odeurs bizarres issus de bâtonnets d'encens vraisemblablement fabriqués à bas prix par des enfants en Inde et vendus à l'hypermarché du voisinage.

Il est aussi très fréquent que, à l'occasion des stages de Prise de Parole dans lesquels nous accueillons des cadres de quelques-unes des plus grandes entreprises françaises, nos murs retentissent de sons étranges, du genre "ah", ou, pire encore, "oh", aux fins douteuses d'aider les stagiaires à placer leur voix pour mieux s'en servir.

Je ne parlerai pas des livres subversifs mis à disposition ou, pire, vendus à nos stagiaires, qui traitent en général de développement personnel et, parfois, utilisent ce mot désormais frappé du sceau de l'indignité la plus noire, à savoir le terme de « spiritualité ». En effet, nous prétendons, en plus du crime d'assumer nos métiers de psychosociologues, développer chez chacun créativité et autonomie, y compris dans ce champ qui sent le souffre et le souffle du diable, à savoir celui de la vie spirituelle.

Oui, j'assume pleinement mon rôle social de gourou. Gourou, en sanscrit, signifie enseignant. Mon métier est d'enseigner la science de la conscience. Je l'assume et le revendique.

C'est sans doute, avec celui de médecin, l'un des plus beaux métiers du monde, car aussi, le plus exigeant pour les personnes et leur développement psychologique, moral et spirituel.

Car le monde dans lequel nous sommes tous entrés désormais est le monde du cerveau et le monde de l'apprentissage. Nous sommes tous condamnés à développer mutuellement nos compétences, dans des processus complexes de co-apprentissage : nous sommes tous destinés, du moins dans nos cultures développées, à devenir les gourous les uns des autres, c'est à dire les enseignants les uns des autres, et ce tout au long de notre vie.

 

2. Non, messieurs les censeurs, je n'accepterai pas vos injures

Il ne saurait être question que, en tant que psychosociologue, psychothérapeute, citoyen européen, je puisse tolérer un seul instant d'être injurié et diffamé par des députés d'une province d'Europe, fussent-ils français et mis eux-mêmes à plusieurs reprises en

examen par la justice française pour des affaires de corruption politique ou de concussion, comme c'est le cas de Messieurs Brard et Guyard.

La société Stratégique n'a aucun rapport et n'a jamais eu de lien quel qu'il soit avec l'Église de la Scientologie.

C'est d'ailleurs peut-être bien ce qui dérange beaucoup de monde : je suis un homme libre et les confrères qui travaillent avec moi comme consultants associés de Stratégique ou comme vacataires de notre organisme le savent bien, tout comme les centaines de clients individuels ou les dizaines de clients d'entreprises qui nous font confiance depuis quinze ans.

L'assertion écrite par le rapport parlementaire sur les sectes ne repose sur aucun fait quel qu'il soit. Aucun dirigeant, aucun salarié, aucun vacataire de notre société n'est ou n'a été membre de l'Église de Scientologie.

Le cas se présenterait-il qu'un collaborateur de notre société soit membre de cette Église ou de n'importe quelle autre d'ailleurs, que rien ne nous semblerait justifier l'injure qui nous est faite par ce rapport parlementaire du 17 juin. Nous imaginons mal comment le fait qu'un guichetier d'une banque vole dans la caisse pourrait justifier que la banque toute entière soit qualifiée de mafieuse.

Le mot « secte » aujourd'hui, vidé de son sens étymologique, sert à désigner des groupes associatifs extrêmement divers mais qui sont tous assimilés dans l'esprit commun de l'opinion publique à des termes comme « manipulation, malhonnêteté, exploitation de la crédulité, délits, vols, suicides collectifs, atteintes à la santé et à l'intégrité des personnes, viols, exploitation du travail bénévole, enfermement etc ».

Le mot « secte » constitue à l'évidence à ce jour dans notre culture une injure et conduit à des actions diverses de persécution des personnes désignées comme responsables ou membres de ces sectes.

C'est totalement inacceptable et nous ne l'accepterons pas. Le manque de respect des lois démocratiques fondamentales relatives aux libertés citoyennes, le manque de respect de la justice et le manque de respect des enseignants sont les portes de la barbarie. La sanction de ceux qui tentent aujourd'hui d'abuser de leur pouvoir par des actions de persécutions fascisantes dignes des heures les plus noires de notre siècle, même si leurs méthodes sont médiatiques et symboliques et moins souvent physiques, sera tôt ou tard impitoyable. Nous nous y emploierons avec compassion et totale détermination, en utilisant toute la force du droit.

 

3. Messieurs les censeurs, vous avez perdu : la conscience est définitivement libre

Le processus diffamatoire dont nous sommes aujourd'hui victimes, comme tant d'autres, repose sur quelques éléments structuraux tout à fait intéressants.

Nous ne savons pas par qui nous sommes accusés ; nous ne connaissons aucun des députés membres de la commission d'enquête sur les sectes ; aucune enquête, ni questionnaire d'aucune sorte ne nous a été communiqué. Nous ignorons absolument qui peut avoir dénoncé notre société.

De même, nous ignorons totalement de quoi nous sommes accusés. Quel acte répréhensible avons-nous commis ? Personne ne peut nous le dire, puisqu'il semblerait que «la commission n'a pas à justifier des conclusions de son travail».

De même encore, nous ne savons pas ce que nous devrions faire pour ne plus être accusé de ce que nous ignorons.

Enfin, nous ne savons pas exactement à quoi nous sommes condamnés.

Il n'y a d'ailleurs pas eu de procès, mais il semble, désormais, dans cette province d'Europe que nous ne pouvons plus nommer République Française, qu'il n'y a plus besoin de procès pour que des gangsters déguisés en élus du peuple se permettent de condamner sur du vide d'honnêtes professionnels qui tentent de gagner honorablement leur vie en aidant leurs concitoyens.

Il est clair en effet que, qualifiés d'organisme de formation affilié à une secte, nous cessons ipso facto dans l'esprit de l'homme de la rue d'être respectables. Au-delà de l'homme de la rue, le Directeur des Ressources Humaines lecteur du journal Entreprises et Carrières est immédiatement en droit de s'interroger sur le bien-fondé de la confiance qu'il nous accorde en nous demandant d'animer des stages de formation de son personnel, alors même que cette personne, dans certains cas, travaille avec nous depuis plus de 15 ans, pour la plus grande satisfaction des grandes entreprises dans lesquelles elle a assumé des responsabilités de gestion des ressources humaines.

Notre propos ici n'est pas de nier la réalité d'un certain nombre de pathologies sociales autour des organisations nommées communément « sectes ». Il est clair que des organisations internationales cherchent par différents moyens à manipuler les consciences dans une direction qui est rarement dans l'intérêt des personnes.

Mais ce n'est pas parce ce que les assassins utilisent des marteaux que tous les menuisiers sont des criminels. Ce n'est pas parce les « sectes » dangereuses utilisent des outils psychologiques que tous les psychologues créatifs et hors normes sont des sectes diaboliques.

Bien au contraire d'ailleurs, nous sommes fondés à argumenter que des entreprises ou associations comme les nôtres, véritables « tribus thérapeutiques », constituent des antidotes très efficaces face aux dérives sectaires marquantes : certains candidats adeptes ou anciens adeptes de certaines sectes closes viennent précisément chez nous y retrouver le goût de leur propre liberté en apprenant à utiliser leur créativité, y compris dans le champ de la vie spirituelle, qui s'y prête comme tout autre champ de la psyché humaine.

Au travers l'injure qui nous est faite, comme à tant d'autres de nos confrères parfaitement respectables diffamés ignominieusement par le Rapport Parlementaire du 17 juin dernier, c'est toute la profession des formateurs en relations humaines qui est aujourd'hui diffamée : il n'est pas possible désormais, compte tenu de l'évolution de la culture et des sciences humaines appliquées, de former quiconque en matière de relations, de management, de psychologie sociale, sans parler de conscience, de philosophie ou de spiritualité, sauf à prendre nos clients pour des décérébrés.

 

4. Il ne faut jamais contrarier ni les militaires, ni les psychosociologues

Les méthodes de délation anonyme, d'injures, de diffamation et de condamnation infamante employées par les auteurs du Rapport Parlementaire contre les sectes sont des méthodes inquisitoriales en tous points comparables aux méthodes nazies et staliniennes des grandes époques européennes des totalitarismes triomphants.

Les méthodes utilisés par Messieurs Brard et Guyard ont pour conséquences de rendre fous leurs victimes et de les conduire au suicide. En droit français, nous sommes donc fondés à poursuivre devant un tribunal pénal les auteurs de ce rapport pour manipulation mentale visant à contraindre autrui au suicide.

À ce jour, les associés de Stratégique et leurs familles sont psychologiquement gravement traumatisés par les injures qui leurs sont faites et par les délits commis à notre plus grand préjudice par Messieurs Brard et Guyard.

J'accuse publiquement, en toute lucidité quant aux possibles conséquences, Messieurs Jean-Pierre Brard et Jacques Guyard de tentative de meurtre médiatique, commercial, économique et financier de la société Stratégique, de ses 6 associés, ses 3 salariés, ses vacataires et leurs familles.

Nos avocats sont d'ores et déjà mandatés pour agir en toute diligence auprès des tribunaux compétents : en effet, il faut savoir qu'un rapport parlementaire ne peut pas être poursuivi en justice pour diffamation. À ce jour, nous n'avons aucune possibilité juridique de mettre en cause les écrits des gangsters Guyard et Brard qui ont juridiquement tous les pouvoirs de diffamer qui ils veulent dans leur rapport parlementaire. Cette loi immonde du 29.7.81 protège ainsi tous les parlementaires français pour tout ce qu'ils donnent ordre d'imprimer à l'en-tête de l'Assemblée Nationale, y compris les injures à leurs concitoyens. Mais cette loi ne saurait les protéger d'une accusation de meurtre.

 

5. Élus du Peuple ou Gangsters d'État ?

Monsieur le député Jacques Guyard, déjà mis en examen depuis plusieurs années pour corruption et trafic d'influence (sur le principe : détournement de l'argent des horodateurs de sa bonne ville d'Évry etc), a démissionné en janvier dernier de son mandat de maire, suite à une nouvelle mise en examen pour un emploi fictif ; le nouveau maire, son ancien adjoint, vient lui aussi d'être mis en examen par la justice française.

Monsieur le député Jean-Pierre Brard, maire de Montreuil, a été déféré devant un tribunal correctionnel en janvier dernier, suite à une mise en examen datant de 93 pour concussion (à partir du racket tenté par lui aux dépens d'un organisme de formation de journalistes) ; à ce jour, il utilise son immunité parlementaire pour tenter d'échapper à la justice.

Autrement dit, les deux auteurs du rapport les Sectes et l'Argent, qui injurient et diffament notre société, comme tant d'autres d'ailleurs, sans aucune base factuelle, sont eux-mêmes poursuivis par la justice française pour des affaires de détournements de fonds publics ou de racket qui reposent sur des faits bien précis.

Et nous ne parlerons pas de Monsieur Vivien, actuel Président de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes, ancien secrétaire d'état aux affaires étrangères du gouvernement Mauroy, porteur de valises financières entre la France et l'Afrique, démissionnaire de tous ses mandats électoraux suite aux affaires Urba et Sagès, évacué de son poste ministériel par Monsieur Bérégovoy quelques mois avant l'assassinat de celui-ci...

L'information tue : l'information tue symboliquement au travers des processus destructeurs des médias, inconscients de leur pouvoir ou agents fidèles de manipulations complexes de mafias politico-financières ; l'information tue aussi ceux qui la reçoivent : certains jours, il vaudrait mieux ne pas être informés de ce que d'autres nous apprennent.

Le dossier de la chasse aux sectes est une affaire mafieuse de gangsters.

Mais personne n'a jamais fait taire un psychosociologue, ni un fou du roi, ni un écrivain.

Messieurs les gangsters d'État, ci-devant citoyens députés Brard et Guyard, je ne me tairai pas.

 

6. L'État Français est-il encore un État de droit ?

J'observe avec un certain amusement que, au moment même où la secte des chasseurs anti-sectes dirigée par Messieurs Brard et Guyard m'accusent gratuitement et sans le début de l'ombre d'une preuve du moindre fait d'être affilié à la soi-disant diabolique Église de Scientologie, j'ai sur mon bureau les dossiers juridiques suivants, qui, eux, reposent malheureusement sur des faits bien réels et aisés à démontrer.

 

6.1. Une plainte au pénal contre 12 hauts fonctionnaires du ministère des Finances

En septembre 96, plusieurs hauts fonctionnaires de ce ministère, pour lequel Stratégique fournissait depuis plus d'un an des prestations appréciées, tentaient de nous entraîner dans un appel d'offres truqué, dont nous aurions été bénéficiaires choisis à l'avance, de façon totalement illégale et au dépens de tous nos confrères concurrents de l'appel d'offres. Suite à notre refus d'être complices d'une procédure contraire à notre déontologie, nous perdions un marché de plus de 5 millions de francs. À ce jour, après une instruction conduite par la juge Édith Boizette, ce dossier est en attente d'une décision de la Chambre d'accusation de la Cour d'appel du TGI de Paris. Il fait par ailleurs l'objet depuis 97 d'une requête auprès du Tribunal Administratif. Une procédure auprès de la Cour Européenne de Justice est en préparation.

Quel rapport y a t-il entre ce dossier et l'accusation qui est portée contre ma société par le rapport parlementaire Les Sectes et l'Argent (rappelons ici que ce rapport a été voté à l'unanimité des députés du Parlement Français...) ? Aucun, sans doute...  

6. 2. Une plainte au pénal contre plusieurs hauts fonctionnaires du Ministère de la Santé

Au cours du premier semestre 98, suite à la demande de plusieurs clients - associations d'usagers de la santé, médecins, victimes - j'assurai bénévolement l'animation d'un collectif qui déposait une plainte pour faire cesser les campagnes abusives de vaccination contre l'hépatite B. Il s'avérait en effet à l'époque que plusieurs centaines de victimes des suites de ce vaccin - plus de 20 millions de Français ont été vaccinés contre l'Hépatite B, sans doute inutilement, entre 94 et 98 - se plaignaient de conséquences fort graves, allant jusqu'à la mort d'enfants, alors même qu'elles ne faisaient pas partie des populations à risque.

L'étude approfondie de ce dossier par des médecins indépendants de tout pouvoir industriel ou politique a fait apparaître une vaste opération de manipulation médiatique de l'opinion pour convaincre les Français de l'urgence du vaccin contre l'hépatite B, alors même que les preuves de sa dangerosité s'accumulent depuis plusieurs années dans les revues scientifiques internationales. Suite à notre dossier, le Ministre de la Santé a suspendu en octobre 98 le caractère contraint des vaccinations dans les collèges et lycées.

Il faut savoir enfin que les enquêtes journalistiques ont montré que, derrière ce dossier, se cachait en réalité une nouvelle affaire scandaleuse sans doute plus ample encore que celle du sang contaminé, reposant sur des choix politiques consistant à faire passer en priorité les intérêts financiers de certains hommes politiques au détriment de la santé publique. Après quelques aléas de la procédure, freinée de façon manipulatoire par la magistrature, ce dossier va prochainement reprendre son cours.

Quel rapport y a t-il entre ce dossier et l'accusation qui est portée contre ma société par le rapport parlementaire Les Sectes et l'Argent ? Aucun, sans doute...

Page 129, le Rapport Parlementaire recommande, pour lutter contre l'influence des « sectes» de renforcer les campagnes de sensibilisation aux vaccins dans le cadre de l'Éducation Nationale...

Quel rapport entre les sectes et les vaccins ? On le verra plus loin.

6.3. Une plainte contre 38 élus locaux, hauts fonctionnaires de l'Intérieur, anciens ministres et ministres en exercice

Pour : détournement de fonds publics, délit de favoritisme, financement illégal des partis politiques, pratiques anticoncurrentielles, dans le cadre de l'organisation mafieuse du marché de la formation des élus locaux et des fonctionnaires territoriaux.

En juin 96, chef d'entreprise encore naïf, je demandai au Ministère de l'Intérieur un agrément pour dispenser de la formation aux élus locaux (marché public de plusieurs milliards de francs annuels, compte tenu du marché connexe des fonctionnaires territoriaux).

En effet, ces marchés sont soumis à l'agrément ministériel, décidé après avis d'un Conseil National de la Formation des Élus Locaux. L'expérience acquise par Stratégique depuis 85 et ses excellentes références auprès de plusieurs grandes administrations, son expérience des collectivités territoriales et sa connaissance des besoins des élus locaux nous semblaient alors de nature à justifier notre demande. Celle-ci fut refusée en décembre 96 par un certain Dominique Perben, alors Ministre de la Fonction Publique.

Le même homme, six mois plus tard, devenait co-président avec Michel Delebarre, ancien Ministre, d'un organisme de formation concurrent du notre mais agréé, lui, par le ministère, au titre de la formation des élus locaux (Forum pour la Gestion des Villes et des Collectivités Territoriales).

Nous découvrions alors que cette association vend aux collectivités locales des prestations en tous points comparables aux nôtres à des tarifs trois fois plus élevés alors que nous sommes tout à fait dans la moyenne des prix du marché de la formation...

Quelques mois plus tard, nous apprenions de la bouche même d'un membre de la commission de formation des élus locaux que « ce système est malsain, vous avez raison de le mettre en cause, ce sont les mêmes qui décident de l'attribution des agréments et qui en sont bénéficiaire »".

En mai 99, nous déposions plainte auprès du doyen des juges d'instruction à l'encontre des principaux responsables de ce système mafieux de détournement de fonds publics au profit des partis politiques ;  à la même époque, Monsieur René Vacquier, ancien magistrat de la Cour des Comptes, Président de la Commission de Contrôle des Financements Politiques, nous confirmait que dans leur quasi intégralité les 120 ou 130 organismes de formation agréés par le Ministère de l'Intérieur (ou par le Ministère de la Fonction Publique, selon les gouvernements) servaient en réalité à financer les partis politiques, toutes tendances confondues. Et ce, bien sûr, en violation complète des lois françaises relatives au financement politique et des lois européennes relatives aux marchés publics et à la libre concurrence.

À ce jour, ce dossier fait l'objet d'une requête auprès du Tribunal Administratif, outre la plainte déposée en mai dernier auprès du TGI de Paris. Par ailleurs, il a été joint à une requête déposée auprès du Conseil d'État, suite aux élections européennes de juin dernier, au motif de non-respect du principe d'égalité des candidats à une élection.

Quel rapport y a t-il entre ce dossier et l'accusation qui est portée contre ma société par le rapport parlementaire Les Sectes et
l'Argent ? Aucun, sans doute... À ceci près que, si l'on comprend bien, ne pourront bientôt exercer comme organismes de formation que ceux qui auront l'obligeance de bien vouloir verser à la caisse du parti... Il faut donc pour cela casser par tous les moyens possibles les formateurs libres et indépendants comme nous le sommes. La paranoïa collective anti-sectes est bien pratique pour cela.

Toutes les formations politiques représentées à ce jour au Parlement Français, plus quelques autres connues par ailleurs, disposent de leurs organismes de formation affiliés. Un certain ex-Président de la République, dénoncé par un député de son parti, a lui-même créé son propre organisme.

Il faut bien vivre, n'est-ce pas, et quoi de plus pratique que de se servir tranquillement dans les caisses publiques ?

Il est assez cocasse de comprendre que le système dénoncé par les députés de cette province européenne nommée France, relatif aux circulations d'argent entre des sectes et des organismes de formation qui leur seraient affiliés décrit en fait très exactement le système mafieux de détournement de fonds publics organisé savamment par ces mêmes députés entre les organismes de formation que certains d'entre eux dirigent et leurs formations politiques, tout en interdisant à tout nouvel acteur citoyen libre et indépendant l'accès à un très juteux marché public... Tout ceci, au fond, est assez farce.

L'État Français, en cette province européenne, est-il encore un état de droit ?

 

7. La chasse aux sectes ou la chasse aux médecines non-conventionnelles ?

Assassiner les juifs, on a donné trop récemment et c'est à ce jour devenu trop dangereux ; chasser les noirs et les arabes, cela fait désordre et marque trop à l'extrême-droite ; lyncher les communistes, cela ne vaut plus le coup, il n'y en a plus assez...

Que nous reste-t-il donc comme boucs-émissaires à désigner à la vindicte publique pour la calmer des angoisses de l'horreur écono-
mique ? Les sectes et les enseignants libres... c'est à dire, en fait, tous les mouvements citoyens alternatifs qui refusent de se plier aux diktats d'une normalisation mondialisées des comportements, tous les citoyens libres et indépendants qui refusent de se plier à des normes sociales de plus en plus contraignantes, tous les esprits créatifs qui ne veulent plus ce cette société fondée sur des valeurs exclusivement matérialistes dont nous savons bien tous qu'elles nous conduisent à l'autodestruction.
 

7.1. Un phénomène sociologiquement marginal

Le phénomène des sectes « dangereuses » est en réalité - aux dires mêmes des inspecteurs compétents des Renseignements Généraux - un phénomène totalement marginal, qui touche effectivement un très petit nombre de personnes (sans doute guère plus de 300 000 personnes). Les dossiers de problèmes méritant l'attention de la justice sont quasi inexistants, hormis quelques cas de pathologies banales dans n'importe quel autre secteur sociologique de la population générale. Il semblerait même qu'il y ait beaucoup moins de cas de pédophilie dans les « sectes » qu'il ne semble y en avoir dans d'autres cadres connus par ailleurs, compte tenu d'une certaine rigidité morale des minorités spirituelles. Tout ceci n'empêche pas, bien sûr, les pathologies d'enseignants tordus avides de pouvoir : mais qui d'entre nous n'a pas connu un jour dans sa vie d'écolier un enseignant tyrannique qui terrorisait ses élèves ? Est-ce mieux que le « gourou » dangereux de l'imaginaire populaire ?

Le manque de « cas » intéressants a conduit récemment Madame Guigou à prier les Préfets et les associations anti-sectes de constituer des dossiers pour renforcer la chasse aux sectes... Dit autrement, un Ministre de la Justice (?) encourage les citoyens à dénoncer leurs voisins comme adeptes de secte (au motif, par exemple de « long temps de lecture ou de méditation »,  ou encore « changement brutal de comportement alimentaire » deux des symptômes officiels de repérage des adeptes de sectes...), tant il manque de délits réels pour justifier une politique de chasse aux sorcières dignes des grands totalitarismes liberticides de ce siècle. Le dossier « Secte » est tellement vide que les institutions, qui ont subventionné pendant des années des associations paranoïaques de chasseurs de sectes en viennent désormais à chercher à inventer des délits pour justifier leurs subventions...  

7. 2. Premier enjeu : cacher la corruption politique

Il semblerait qu'en fait les véritables enjeux de la chasse aux sectes ne soient pas du tout là où on le croit communément. Nous décrirons un premier enjeu : cacher la corruption politique et consolider le pouvoir des sociétés secrètes qui gèrent l'État Français.

Depuis plus de vingt ans, l'État Français a lentement dégénéré vers un système mafieux de corruption politique généralisée, que certains juges courageux mettent à jour désormais. La classe politique française a perdu tous les points de repère nécessaires à l'honnête homme impliqué dans la vie publique et le règne du tout et du n'importe quoi est désormais la règle commune. Il est alors logique que, dans ce désordre et cette violence collective, des groupes tentent d'organiser et de structurer leur pouvoir sur les institutions.

Le lecteur attentif aura remarqué que, dans les rapports parlementaires relatifs aux sectes (le rapport de juin 99 est le 3ème du genre), les loges de la franc-maçonnerie ne sont jamais citées, pas plus que les groupes de gentils illuminés du genre Renouveau Charismatique de l'Église Catholique et Romaine...

Or, du point de vue du psychosociologue que je suis et qui observe avec attention depuis près de vingt ans le phénomène des tribus d'enseignements spirituels et ésotériques tout en en restant totalement indépendant, il n'y a strictement aucune différence entre, par exemple, les Témoins de Jéhovah, la Scientologie, la Fraternité Blanche Universelle, les Rose-Croix (toutes ces associations étant citées parmi les sectes « officielles ») et tel ou tel groupe maçonnique ou l'Église Catholique et Romaine.

Il se trouve que qu'un nombre significatif d'acteurs de la chasse aux sectes en France sont aussi membres du Grand Orient de France, une des principales obédience maçonnique française. Messieurs Guyard et Vivien en sont des conférenciers pour le moins habituels. Ceux qui ne sont pas francs-maçons sont le plus souvent catholiques version inquisiteurs ou intégristes d'extrême-droite.

Il se trouve que ce sont aussi les troupes de cette obédience maçonnique (Grand Orient de France, plutôt « gauche ») qui, depuis vingt ans, fournissent une part significative des hommes politiques mis en examen pour corruption et autres affaires politico-financières, en concurrence avec la GLNF (Grande Loge Nationale de France, plutôt « droite »).

Il se trouve enfin que le Procureur de Paris est lui-même membre de cette obédience maçonnique. C'est le même homme qui a tout fait pour empêcher le procès des ministres impliqués dans l'affaire du sang contaminé devant la Cour de Justice de la République. Soyons certains qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger Messieurs Brard et Guyard.

Notre propos n'est pas ici de tomber dans une dérive accusatrice de tel ou tel groupe associatif en faisant aux autres ce que nous refusons pour nous mêmes : un des enjeux du rapport Guyard-Brard sur les sectes est en fait une vaste lutte d'influence et de pouvoir entre quelques très gros systèmes de contrôle des consciences. Nous, modeste société de formation, comme tant d'autres formateurs désignées à la vindicte publique, prenons des coups des gangsters qui se battent au-dessus de nos têtes.

Le marché de la formation est un des très gros marchés du prochain siècle. Or, il n'est pas possible de parler de développement des compétences sans s'occuper un peu sérieusement de psychologie ; et il n'est pas possible de parler de psychologie sans parler de conscience et, partant, d'esprit et donc, à terme, de vie spirituelle.

Le marché de la spiritualité est sans doute dès aujourd'hui un des tous premiers marchés planétaires et la bataille fait rage : les grands systèmes internationaux installés depuis plusieurs siècles sur le marché de la vente de produits et services psycho-spirituels ne peuvent pas tolérer de perdre leurs parts de marchés aux profit de cette multitude de petites sectes qui se créent désormais tous les jours, à la mesure de la libération de la créativité et de l'autonomie de tout un chacun…

Parmi ces groupes occultes qui se battent à coups de rapport anti-secte interposé, l'on va retrouver un nombre significatif de « sectes » non citées dans les rapports parlementaires : outre l'ensemble des loges de la Franc-Maçonnerie, ni l'Opus Dei, ni les groupes dominicains héritiers de l'inquisition catholique, ni les groupes catholiques intégristes ne sont inquiétés au titre de la chasse aux sectes.

Il faudra enfin rappeler que plus des deux tiers des députés français sont fonctionnaires de l'État, ce qui leur donne une sécurité économique majeure pour gérer leurs affaires politiques.

Que tous ont voté comme un seul homme le rapport parlementaire anti-sectes, comme ils avaient voté il y a quelques années l'amnistie générale de tous les hommes politiques corrompus impliqués dans des affaires d'argent sale. Que la plupart d'entre eux sont ou peuvent être demain compromis dans une affaire politico-financière, à tort ou à raison, à titre personnel ou au nom de leur parti, et à ce jour non amnistiable.

L'on sait bien par ailleurs que les systèmes politiques de pouvoir n'ont encore rien trouvé de mieux pour se laver de tout soupçon de malhonnêteté que d'accuser autrui des pires turpitudes. Ainsi va le monde de toute éternité. La chasse aux sectes n'est au fond qu'une énième répétition du processus fondateur de toute société humaine : assassiner les boucs-émissaires. En 42, l'Europe gazait ses boucs-émissaires. En 99, elle produit des chômeurs, envoie les bombes américaines sur les Serbes et chassent les individus qui lèvent la tête au-dessus de leurs aliments gonflés aux O.G.M. Au fond, rien ne change. C'est rassurant.

Mais ce n'est pas une raison pour se laisser faire et accepter d'être massacrés par des prédateurs et des gangsters, fussent-ils payés par l'État.

 

7.3. Le véritable enjeu de la chasse aux
sectes : éradiquer les médecines non-conventionnelles

Un des principaux marchés actuels, promis à un bel avenir, est le marché de la santé et, plus spécifiquement, celui des médicaments.

L'évolution de la culture française conduit un nombre chaque jour plus important de nos concitoyens à préférer une psychothérapie aux antidépresseurs ou aux drogues diverses et variées que nous distribuent les psychiatres, fidèles serviteurs de l'industrie pharmaceutique. De même, les médecines dites non-conventionnelles gagnent chaque jour en crédibilité et en nombre d'usagers. Notre propos n'est pas ici de rentrer dans une polémique stérile mais simplement d'observer un phénomène sociologique : le fait est que le niveau de confiance des usagers de la santé envers une certaine médecine classique a considérablement chuté depuis dix ou quinze ans et que nombre de médecines alternatives ont pris le relais.

Or, ces médecines-là échappent au contrôle traditionnel des grands laboratoires pharmaceutiques gérés par les systèmes financiers internationaux, de même que la plupart des psychothérapeutes compétents échappent désormais au contrôle des psychiatres ou des psychanalystes enfermés dans une vision purement matérialiste de la psyché.

Cette situation est évidemment intolérable pour les grandes industries chimico-pharmaceutiques de la planète. Il faut donc casser par tous les moyens possibles les alternatives au système actuel de santé.

La chasse aux sectes sera donc l'instrument de cette politique.

Il est intéressant d'observer que la chasse aux sectes a commencé au lendemain de la mort du président  Mitterand : il est vrai que celui-ci a retardé d'un an l'arrivée au pouvoir de son successeur en utilisant lui-même nombre de médicaments interdits en France (mais parfaitement autorisés aux États-Unis, comme les produits Beljanski, par exemple) et relevant de médecines dites charlatanesques mais dont tous les spécialistes pensent qu'elles ont fait gagné à M. Mitterand plusieurs mois de vie...

Il y a quelques mois, le Docteur Juliette Boillon, dans un livre signé par Maître Jean-Pierre Joseph (barreau de Grenoble), Les Radis de la Colère, retraçant l'histoire invraisemblable de persécution institutionnelle subie par une bien innocente communauté de la Drôme, écrivait, page 217 : « J'avais appris que notre cher Président de la République avait reçu 600 millions de francs de la part des industries pharmaceutiques pour descendre les médecines douces. Mon sang n'avait fait qu'un tour ! J'entendais autour de moi (ndr : à cette époque le Dr Boillon, médecin homéopathe et acupuncteur, travaille aux urgences de l'hôpital Édouard Herriot de Lyon) de plus en plus de mes collègues de médecines douces mis à l'index par l'Ordre des Médecins et traînés dans la boue pour des histoires sordides. »

Plus de 6 mois après la parution de ce livre (Éditions Louise Courteau, diffusion en librairie), aucun démenti n'a été formulé à cette assertion.

Par contre, le docteur Juliette Boillon est en prison à la maison d'arrêt de Valence depuis début juillet. Juliette Boillon est mon amie. Le procès qui lui a été fait et au terme duquel elle a été condamnée à deux ans de prison ferme, ne repose sur rien, si ce n'est une manipulation et une escroquerie intellectuelle majeure. Nombre d'autres médecins de grande qualité humaine et professionnelle sont aujourd'hui persécutés par l'Ordre des Médecins et empêchés d'exercer, au motif qu'ils utiliseraient des méthodes « non prouvées ».

La science médicale est devenue un commerce et ce commerce est devenue une mafia.

Je ne suis pas très sûr que l'État français soit encore un état de droit.