La confession du Dr Jean-Marie Abgrall
Dépêches d'agence : OTS, les familles veulent rouvrir l'instruction
1. Dans Libération de mardi 23 mars 2004 : http://www.liberation.fr/page.php?Article=188226
2. FIL D'INFOS REUTERS
France
Les familles des victimes de l'OTS veulent rouvrir l'instruction
22 mars 2004 - 19:03:46
PARIS - Les familles de membres de l'Ordre du Temple solaire (OTS) victimes
d'un massacre dans le Vercors, en décembre 1995, ont versé trois
nouveaux éléments à l'appui d'une demande de réouverture
de l'instruction, dont un document montrant, si son authenticité est
vérifiée, l'existence de relations entre la secte et des partis
politiques.
Alain Vuarnet, René et Muguette Rostan, Willy et Giséla Schleimer
et leur avocat, Me Alain Leclerc, qui contestent la thèse du suicide
collectif retenue jusqu'ici par la justice, ont expliqué lundi leur démarche
lors d'une conférence de presse.
Le premier document est la copie d'une lettre datée du 21 avril 1997
et adressée par un cabinet d'avocats à une banque, détaillant
la répartition de 17 millions de francs (environ 2,5 millions d'euros)
entre plusieurs personnalités et partis politiques, l'OTS et l'AMORC
(Ancien et mystique ordre de la Rose-Croix), organisation soupçonnée
de liens avec l'OTS.
Les parties civiles et leur avocat admettent n'avoir à ce jour aucune
garantie que ce document, reçu par courrier anonyme, ne soit pas un faux
mais demandent à la justice de s'en saisir.
"C'est un document tellement énorme qu'à la lecture il peut
paraître peu vraisemblable", a reconnu Alain Vuarnet. "Nous
demandons simplement à la justice qu'elle veuille bien contrôler
l'authenticité de ce document."
"Si le document est vrai, il prouve que l'Ordre du Temple solaire était
en activité après le dernier massacre du 22 mars 1997 (le "suicide
collectif" de cinq adeptes au Canada) et que les responsables de cette
organisation criminelle sont encore en vie", écrit Me Leclerc dans
le complément de requête qu'il a adressé lundi au procureur
de la République de Grenoble, pour la réouverture de l'information
sur l'affaire du Vercors.
Le deuxième document est un procès verbal d'audition du dr. Jean-Marie
Abgrall, spécialiste des sectes mis en examen pour violation du secret
de l'instruction.
Il y affirme, comme il l'a fait dans des déclarations au Point ou à
Nice-Matin, que l'Ordre rénové du temple (ORT), ancêtre
de l'OTS, avait des relations avec le réseau Gladio, monté pendant
la guerre froide par les services secrets américains pour lutter contre
le communisme en Europe.
Jean-Marie Abgrall ferait aussi état de relations entre l'Amorc, dont
il a lui-même fait partie quelque temps, et les réseaux français
en Afrique, dits "réseaux Foccart".
LANCE-FLAMME AU PHOSPHORE
"C'est une vérité qui nous dépasse, qui va
jusqu'au secret d'Etat", dit ce psychiatre dans une déclaration
publiée le 15 février 2003 par Nice-Matin. "Je m'exprimerai
un jour (...) Il y a trop d'enjeux, d'intérêts en jeu."
Jean-Marie Abgrall "révèle (...) que l'Ordre du Temple
solaire, comme l'Amorc et l'ORT, étaient créés et contrôlées
par des réseaux de services secrets français et étrangers",
explique Me Leclerc - des informations, souligne l'avocat, dont le psychiatre
n'avait pas fait bénéficier l'instruction.
Les parties civiles et leur avocat demandent que le dr Abgrall soit entendu
sur ces déclarations par la justice.
Enfin, le troisième document est une "note blanche" des renseignements
généraux sur le procès du chef d'orchestre Michel Tabachnik,
poursuivi pour "participation à une association de malfaiteurs"
dans le cadre de l'enquête sur ce massacre.
Ce rapport, qui multiplie les remarques visant à discréditer les
parties civiles, a été transmis par son auteur le 28 mai 2001
au juge d'instruction Luc Fontaine, qui l'a lui-même fait parvenir pendant
le délibéré au vice-président du tribunal de grande
instance de Grenoble, Gérard Dubois, chargé de prononcer le jugement.
Me Leclerc dénonce une intervention "déloyale, irrégulière
et illégale" visant à "influencer le magistrat".
"Ces éléments nouveaux sont de nature à conforter
l'idée selon laquelle l'instruction de M. le juge Fontaine n'a pu être
menée à bien afin de rechercher et d'identifier l'ensemble des
auteurs des crimes commis par la nébuleuse OTS avec ses mobiles financiers",
conclut l'avocat.
Les familles des victimes du massacre du Vercors reprochent à la justice
de n'avoir pas pris en compte la piste du crime commis par des éléments
extérieurs, confortée selon elles par des expertises réalisées
sur les cadavres carbonisés.
"Nous avons retrouvé du phosphore. S'il y a du phosphore,
cela veut dire qu'il y a eu utilisation d'un lance-flamme pour tuer ces personnes",
a ainsi expliqué Alain Vuarnet. "Pour neuf cadavres
sur 16, la carbonisation est allée jusqu'à la fusion des os, ce
qui veut dire une chaleur d'au moins 1.600° C alors que dans une forêt,
en plein hiver, avec de l'essence et du bois, on ne peut pas aller au-delà
de 700° C.
C'est sur la base de ces rapports d'expertise et d'autres éléments
que les parties civiles et leur avocat ont déposé le 21 octobre
leur demande de réouverture de l'instruction.