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Lettre ouverte à l'UNADFI

 

Janvier 2005 – Thierry Bécourt

 

En 1997,  sortait le livre de l’universitaire Bruxelloise A. Morelli : "Lettre ouverte à la secte adversaire des sectes" qui fit forte impression dans le domaine universitaire et chez les défenseurs de la liberté de pensée.

Il s’agissait de montrer que le fonctionnement des groupes de pression anti-sectes dont l’Unadfi est le fer de lance est une véritable nuisance pour la démocratie, en s’appuyant sur l’ignorance ambiante dans le domaine de la culture religieuse et du fonctionnement de la société marchande.

Qu’en est-il en ce début 2005 ? Comment l’Unadfi financée à plus de 90% par notre Gouvernement, prônant pourtant l’exemple de la laïcité, peut-elle prétendre défendre les valeurs républicaines en s’appuyant sur la théorie du complot et du bouc émissaire si chère aux extrémistes, tout cela au mépris des heures les plus sombres de notre histoire ?

Faut-il rappeler que la démocratie  donne la souveraineté aux citoyens dans le respect de la liberté de conviction et de l’égalité et que la République partage son pouvoir avec tous les acteurs de la société ?

Comment donc accepter l’affirmation selon laquelle l’Unadfi défendrait ces valeurs de dignité alors qu’elle applique des principes anti-démocratiques ?

Comment expliquer la prise en mains de cette association par la Franc-Maçonnerie, pourtant elle-même fondée sur l’esprit républicain ?

Que l’on m’explique comment l’Unadfi et ses semblables peuvent prétendre aux honneurs de l’État tout en choisissant la voie des discriminations et de l’intolérance, au moment où se crée en France la "Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité" et que l’on s’apprête à fêter les cent ans de la loi de 1905 ?

S’agit-il là encore de "l’impensé français" ?

Lorsqu’on lit dans l’article paru dans Bulle de décembre dernier et signé A. Thiard, Président honoraire de l’Adfi Paris :

"À travers toutes les sectes, (…) on les reconnaît à ce qu’elles utilisent des méthodes totalitaires".

"Aujourd’hui la prétention (des sectes)  encouragée dans divers pays à se faire considérer comme des "mouvements religieux" montre que la situation est plutôt pire qu’il y a 8 ans (date du Rapport Parlementaire). Les sectes constituent un exemple flagrant de ce qu’une société peut porter en son sein d’aigrefins, de charlatans, d’exploiteurs, (sic)… Lorsque ce genre de corps étrangers (sic), s’attaquent avec ses méthodes totalitaires à la substance et à l’intégrité de l’homme et aux valeurs d’une société démocratique…"

Peut-on trouver meilleur exemple d’incitation au rejet, à la discrimination, à la délation et à la violence ? Voilà les propos que notre gouvernement reconnaît d’utilité publique. Il est vrai que la Miviludes invite au "signalement des agissements" non conventionnels, véritable invitation à la délation déguisée en œuvre de salut public !

Quand on sait avec quelle légèreté le mot secte est utilisé pour attaquer des voisins, des parents, des conjoints et gagner un procès sans grande difficulté et avec quelle facilité chacun d’entre nous peut-être accusé de secte sur une simple rumeur voire une dénonciation, et dieu sait si les victimes de ces corbeaux sont nombreuses à faire appel au CapLC et autre CICNS et Omnium… Ces prises de positions d’un dirigeant d’une association "reconnue d’utilité publique" font froid dans le dos !

Comment ces groupes peuvent prétendre juger des minorités de conviction et leurs philosophies alors qu’ils refusent de les approcher excepté par le seul biais des apostats ?

Louis Pauwels lançait en 1996 le concept de "l’esprit d’inquisition" : force est de constater qu’à cause de ces groupes de pression, cet "esprit d'inquisition" n’a pas faibli dans notre pays. 

Il serait temps que ces organes inquisiteurs s’appliquent à eux-mêmes la "question", et les critères qu’ils destinent à ceux qui ne sont pas dans leur norme. Or, qui dit norme dit hérésie et ce n’est pas l’universitaire Michel Tardieu qui nous contredira sur ce point lorsqu’il précise (**) qu’il n’y a pas de dogme sans hérésie et que cette dernière est toujours la part obscure du dogme. De plus, lorsque l’on sait que le mot hérésie signifie choix et de fait qu’il n’y a pas d’hérétique sans secte, l’on comprend que les inquisiteurs modernes, en s’appuyant sur les dogmes en place, chassent en fait l’hérétique comme au bon vieux temps.

Indéniablement l’Unadfi et ses compères sont dans une démarche d’inquisiteur montrant par là même leur opposition à la laïcité et s’excluant de tout fonctionnement  républicain et démocratique.

La Coordination pour la  Liberté de Conscience et les autres associations qui défendent les mêmes valeurs observent depuis des années la mise en place d’une normalisation de la pensée dont l’Unadfi devient un instrument.

Qu’observons-nous en effet ?

Interventions dans le milieu familial par le biais d’un lobbying dans le milieu juridique, allant jusqu’à la demande de retrait d’enfants aux familles contrevenant ici à la fonction même d’une association sensée défendre le milieu familial, amalgames et diffusion de rumeurs infondées, constitution de dossiers personnels au mépris des différentes lois sur la protection de la vie privée et des convictions, difficultés voire refus de juger les affaires en lien direct avec l’Unadfi, soutien d’instances maçonniques telle l’Institut d’Etude et de Recherche Maçonnique (Iderm) envers ce qu’elle appelle une "instance républicaine", intervention dans le monde scolaire par des apostats de "sectes" reconvertis en membres actifs d’Adfi, pratique de l’amalgame, jugements portés sur les croyances minoritaires, incitation à la délation y compris envers des médecins jugés déviants, refus de respecter certaines lois, notamment celle relative à la communication de dossier, soutien aux thèses de lavage de cerveau, stigmatisation de tout individu remettant en cause la société de consommation…

On notera que l’Unadfi et ses antennes sont des habituées des tribunaux. Leurs dirigeants ne s’en cachent pas et n’hésitent pas à annoncer avec un certain orgueil : "Depuis 1994, date de ma présidence, j’ai dû répondre à 9 assignations, 8 ont été rendues en ma faveur" (magazine "les sectes manipulent" p.7). Force est de constater que jusqu’à maintenant la justice s’alignant sur l’opinion médiatique semble protéger les malversations de ce groupe de pression.

D’ailleurs, pour l’Adfi, un mouvement qui se défend sera présenté comme auteur d’intimidation à son encontre… On dira que les sectes s’en prennent à leurs détracteurs, quand bien même une victime demandera à la justice de les condamner pour être intervenue dans des affaires familiales avec des rapports mensongers. On refusera de juger, mais on demandera le prix fort à la victime pour se pourvoir en partie civile.  Démontrant ainsi un véritable lobby anti-sectes. Malgré ces incohérences, l’Unadfi totalise à elle seule un bon nombre de condamnations et fait actuellement l’objet de multiples actions en justice dont une assignation pour dissolution.

Mais dans la plupart des cas l’on reste dans la rhétorique de la double contrainte, où quelque soit la façon dont leurs victimes se défendent, ou refusent de le faire, elles sont montrées comme systématiquement coupables.

L’Unadfi serait-elle à ce point enfermée dans sa "Bulle" - tel le titre de sa revue – qu’elle refuse de s’ouvrir vers l’extérieur tout en stigmatisant ce qui n’entre pas dedans ? Et stigmatiser n’est pas un vain mot lorsque cette association et ses acolytes soutiennent les thèses selon lesquelles les minorités de convictions, appelées dans d’autres milieux créatifs culturels,  souffriraient de déviances psychologiques, comme autant de malades potentiels à soigner dans des centres spécialisés pour les remettre sur le droit chemins. L’histoire nous parlait des minorités juives ou arabes souffrant d’un "sang impur" et qu’il fallait isoler, stigmatiser au risque de radicaliser.

Il a été suffisamment montré combien les agissements des groupes anti-sectes nuisent à l’harmonie sociale, combien le terme même de ‘secte’ était volontairement discriminatoire et brisait des réputations et des vies (*) tout en s’appuyant officiellement sur une définition bâtie sur l’opinion publique…

Alors pourquoi un tel soutien des Pouvoirs Publics ? Pourquoi une Miviludes n’ayant comme seules références associatives les anti-sectes au mépris des autres acteurs de terrain. ? Pourquoi ce refus de dialogue avec l’État hormis certains responsables conscients des dégâts de ce système inquisitorial ?

Enfin des questions.

- Où sont les victimes dont-ils nous parlent tant ? Combien sont-elles ? Malgré nos nombreuses demandes aucun chiffre n’a pu nous être apporté.

- Pourquoi si peu d’adhérents quand bien même les sectes sont présentées comme un fléau national ?

- Pourquoi ce refus du dialogue comme dogme imposé ?

- Pourquoi cette intolérance et cette imposition d’un modèle "correct" ?

L’Unadfi et le climat de chasse aux sorcières qui sévit dans notre pays est la démonstration d’une société hiérarchisée  qui, bien qu’en mutation évidente, refuse de prendre les risques qui s’imposent. Elle se livre  à un véritable combat contre les créatifs culturels marqués de l’étiquette "secte" alors même qu’ils travaillent à l’ouverture de la conscience. Un combat contre la pensée en évolution constante pour imposer les anciennes valeurs comme seules valables. Pourtant l’histoire a montré que l’on ne peut opposer durablement le philosophiquement ou religieusement correct, qu’elle ne peut rester imperméable aux nouvelles convictions y compris thérapeutiques.

Face à ces atteintes à la Démocratie, à ces actes de discrimination tendant à considérer les individus créatifs de notre population  comme déviants contre laquelle il faut appliquer des lois totalitaires et des mesures d’exception et montrés du doigt comme sous-citoyens pour lesquels l’État de droit ne s’applique pas, il est temps que la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité prenne la mesure de ce problème.

Nous en appelons donc solennellement à tous, universitaires, juristes, Instances Publiques et autres décideurs ainsi qu’aux diverses obédiences afin qu’ils reconsidèrent en toute objectivité leur position sur ce douloureux et délicat problème.

Il est temps de mettre un frein à cette inquisition rampante avant de sacrifier tous les créateurs de notre pays et de détruire le peu de démocratie qui nous reste.

 

Thierry BECOURT

Vice-Président du CapLC

 

 (*) cf. www.coordiap.com & "La nouvelle chasse aux sorcières" de Thierry Bécourt – Éditions Omnium.

(**) "L’histoire" Janvier 2005 – Le Moyen-Age des hérétiques.

 

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