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Une belle victoire pour la liberté de conscience !

L'Église du Santo Daime absoute par la Cour d'Appel de Paris et l'Ayahuasca déclarée licite !

 

26 janvier 2005 - Christian Cotten

 

Pour informations complémentaires :

Article de Libération du 14 janvier 2005

 

 

L'Église Brésilienne du Santo Daime, christiano-chamanique (version catholique pour sa grande dévotion à la Vierge Marie), sur le beau principe du métissage des cultures, représentée en France par mon ami Claude Bauchet, qui anime un groupe de fidèles, regroupait en fait une bande dangereuse de drogués : une secte hallucinogène, pour tout dire !

De fait, cette Église, très respectée au Brésil, qui diffuse ses très beaux rituels un peu partout dans le monde, a, comme bien d'autres, été traquée en France au motif de "secte" il y a quelques années, par les cloportes que nous connaissons bien : quelques semaines de prison préventive pour Claude Bauchet et deux de ses amis, au motif de "association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée, usage et trafic international de stupéfiants", procès, diffamations et persécutions diverses etc, avec le cortège de joyeusetés et de petits plaisirs qui va avec.

Il faut dire que le Santo Daïme utilise dans ses rituels un produit au goût bizarre, voire même très désagréable, une sorte de thé exotique à bases de plantes amazoniennes, du joli nom d'Ayahuasca. Or, cette boisson contient aussi de la DMT, susbtance classée au tableau des stupéfiants... Manque de chance, il n'existe nulle part quelque justification scientifique que ce soit qui prouverait que la DMT soit un produit dangereux pour la santé...

Cette histoire de la DMT (diméthyltryptamine) est en soi un véritable roman. Cette substance, prohibée par la Convention de Vienne de 1971, est en fait une substance synthétique, comme le LSD, que les États-Unis avaient classé, sans étude scientifique préalable, durant la folle période hippie des années 60 ; mais ceci en oubliant la DMT naturelle contenue dans une grande diversité de plantes et chez la plupart des mammifères, dont l'homme. Les avocats du Santo Daïme ont apporté au Tribunal des documents scientifiques montrant que la cervelle d'agneau contient elle aussi de la DMT : si la Cour d'Appel avait suivi le procureur dans sa charge contre le sacrement du Santo Daïme ("Le Saint Don"), il lui aurait fallu en même temps interdire à la consommations plantes, mammifères et... humains au motif qu'ils contiennent de la DMT.

Or, aucune législation n'a jamais cherché à interdire les plantes ou animaux contenant de la DMT, ce qui serait une absurdité la plus totale. Quoi qu'il en soit, DMT naturelle ou synthétique, les différentes autorités françaises compétentes ont été incapables de fournir le moindre dossier scientifique, indispensable sur le plan juridique, pour valider une interdiction et une inscription de ce produit au tableau des stupéfiants. Ce qui signifie, en clair, que l'inscription actuelle de la DMT synthétique au tableau des stupéfiants par l'administration est en fait parfaitement illégale, faute de justification scientifique, comme l'exige la loi votée par le parlement. On croit rêver ! On peut même s'interroger à ce jour sur la validité de l'interdiction de nombre de substances classées "stupéfiants", dans la mesure où les justifications scientifiques sont loin d'être toutes convaincantes, lorsqu'elles ne sont pas carrément inexistantes... De quoi faire vaciller toute la loi sur la prohibition des "drogues" et produits psycho-actifs... Maître Caballero (président par ailleurs du  Mouvement de Légalisation Contrôlée) a présenté à la Cour d'Appel de Paris des conclusions remarquables sur cette affaire.

Bref, un beau sac de noeuds juridico-scientifique, sur fond de chasse aux sectes version UNADFI. En première instance, condamnation. En seconde instance, relaxe ! Le tribunal a même prononcé la restitution des flacons d'Ayahuasca saisis par la police... Il faut dire que l'ONU travaille actuellement avec les peuples indigènes du bassin amazonien, qui utilisent l'Ayahuasca depuis des millénaires, à une reconnaissance de leur sacrement comme patrimoine de l'humanité... Perdu, messieurs les obsédés du contrôle des consciences.

 

Belle victoire, Claude !

 

À mon avis, la "secte" du Santo Daime est promise en France à un très bel avenir. Je m'y emploierai : l'Ayahuasca est, du point de vue du psychothérapeute que je suis, un produit psycho-actif de santé. Il est notamment utilisé au Pérou, par un médecin français, le docteur Jacques Mabit, pour aider les toxicomanes à sortir de leurs dépendances. De fait, ce produit permet des expériences d'expansion de conscience tout à fait saines et sans danger, à condition qu'il soit effectivement utilisé dans un cadre rituel strict et dans une démarche spirituelle sincère portée par une belle énergie : autrement dit, l'Ayahuasca et les traditions chamaniques qui l'utilisent constituent une voie saine d'utilisation de produits psycho-actifs, qui constitue à ce jour le meilleur antidote connu aux intoxications des drogues dures, sur un chemin d'élévation du niveau vibratoire de la conscience...

Évacuons un faux débat : l'Ayahuasca ne provoque pas d'hallucinations au sens psychiatrique du terme, mais des voyages intérieurs de la conscience, ce qui n'a strictement aucun rapport. La pratique des rituels chamaniques fondés sur la consommation de ce type de produits est une voie thérapeutique et spirituelle de grande qualité et mérite tout autant le respect que quantité d'autres pratiques spirituelles : ce n'est d'ailleurs pas pour rien si cette Église a grand succès en Amérique du Sud, où les cultures traditionnelles indigènes, sous le joug des conquistadors, ont su si bien s'ajuster au christianisme. Le fait est, comme j'ai pu le vérifier moi-même à plusieurs reprises, que les personnes qui portent cette tradition spirituelle y amènent une très belle énergie d'amour et de lumière dont les effets de guérison personnelle sont indéniables.

À ce jour, grâce à la Cour d'Appel de Paris, la consommation rituelle de l'Ayahuasca dans le cadre de l'Église du Santo Daïme (ou de tout autre groupe spirituel et thérapeutique) est désormais légalement et clairement autorisée dans notre pays ... Et comme au sein du Ministère de la Santé, les experts qui pourraient changer quelque chose savent très bien que ce produit est inoffensif pour la santé publique et n'ont aucune envie de rédiger des rapports scientifiques tronqués pour faire plaisir aux intégristes chasseurs des nouvelles minorités spirituelles, nous devrions être tranquilles pour un moment... Les vents tournent, en politique.

Merci la 10ème chambre de la Cour d'Appel de Paris. Il y a encore dans ce pays des magistrats intègres et respectueux de la liberté individuelle. Cela se fait rare, mais lorsqu'on en trouve, autant le dire et les remercier. Ils avaient d'ailleurs, lors de l'audience, annoncé très clairement qu'ils ne voulaient même pas entendre parler ni juger de "problème de secte ou de religion" mais seulement "être éclairé sur la question de la DMT". Et comme personne ne peut sérieusement soutenir que l'Ayahuasca est une drogue... relaxe pure et simple !!!

Les cloportes de la chasse aux sectes devront manger leurs chapeaux, en cette année 2005. Attention, le feutre, ce n'est pas génial pour l'estomac et il peut y avoir dépendance. Et ce n'est même pas psycho-actif. Dommage pour eux, cela leur ferait pourtant du bien, de s'envoyer en l'air.

 

Christian Cotten

psychosociologue, psychothérapeute,

 

Voir l'article de Libération du 14 janvier 2005

Une information vivante sur l'Ayahuasca, par Armand Bernardi

 

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