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Dossier Amiante

 

Santé - L ’APDA lutte pour les dockers victimes de l’amiante, elle tape du poing sur la table : « Il y en a assez ! »

Article paru dans le journal « Le Phare »  du 01/12/2005 - Région Dunkerque. Daniel Boulogne

Publié à la demande de Marcel Suszwalak et de Michel Langinieux. 9 décembre 2005.

Marcel Suszwalak a été entendu le 23 novembre 2005 par l'Assemblée Nationale.

 

Il n’y a pas que l’ARDEVA qui œuvre en faveur des victimes de l’amiante sur le Dunkerquois. Il en existe d’autres : c’est d’abord l’APDA-CGT (l’association portuaire de défense des victimes de l’amiante), mais aussi l’ADVA CGT SRD (ex BP). Il est très rare d’entendre ou de lire des propos de Marcel Suszwalak, Président de l’APDA. Il n’aime pas s’épancher sur le travail de son association et préfère agir uniquement dans le suivi des dossiers, combattre sans cesse, sans jamais rien dire. Oh, il est bien un peu râleur, mais c’est toujours en faveur des dossiers qu’il défend. On l’a vu une fois sur Canal +, on l’a lu de temps à autre dans la presse … rien de plus.

 

Une petite équipe discrète

Pourtant l’APDA présente de sacrés résultats. Leurs locaux sont juxtaposés à la salle de l’Avenir, rue du Ponceau à Dunkerque. En entrant, deux dames accueillent le public avec le sourire. L’une a intégré l’association bénévolement au départ, c’est Francine Heemeryck, l’autre a connu le malheur des veuves de l’amiante, c’est Béatrice Baert. Toutes deux participent à ce combat et se chargent en plus de monter et de suivre les dossiers. Dans le bureau d’à côté, Marcel Suszwalak enchaîne les dossiers avec ses deux acolytes, le secrétaire Christian Jonvel et Jacques Dehorter le trésorier. L’APDA a été lancée en 1996 «  pour trouver un moyen de se défendre », et c’est en 1998 que les statuts sont déposés. L’APDA est officiellement née. «  Nous nous sommes tout de suite aperçus que le travail serait très lourd, note Marcel Suszwalak. A l’époque, Marie-Christine Blandin, présidente de la région, nous a intégrés dans le plan de suivi post-professionnel de la région ». 1998, c’est aussi des interventions auprès du Ministère de la santé où une délégation de l’APDA a été reçue. Les contacts se multiplient aussi avec le sous-préfet de Dunkerque d’alors, Jean François Le Tallec…

« Avec le l’aide de Jean Le Garrec nous sommes entrés en guerre contre les ministères pour le port de Dunkerque soit reconnu site amianté ». A force  de réunions avec les ministères des transports, avec des parlementaires, avec la Fédération des ports et docks, et vu l’importance du trafic d’amiante sur le port, l’APDA finit par avoir gain de cause. « Cela a changé le statut des malades de notre région. Certaines années les ouvriers du Dunkerquois ont manipulé 70% de l’importation annuelle d’amiante en France ». A la suite de cela, des représentants de la CRAM sont venus participer aux permanences de l’association afin de monter ensemble les premiers dossiers de cessation anticipée d’activité. A noter parallèlement que 7 autre ports en France ont aussi été reconnus grâce au travail du Dunkerquois.

« A l’époque, poursuit le président, notre ambition était de faire reconnaître les travailleurs de l’amiante comme tels, aujourd’hui nos motivations sont plus ambitieuses puisqu’au fil des années, nous avons constaté que d’autre professions étaient concernées, et que parfois certaines épouses n’ayant jamais travaillé sont atteintes par cette maladie ».

A cette période toujours, le terme change : on parle alors d’exposition aux fibres d’amiante, ce qui a permis de concerner tous les métiers de la communauté portuaire. 1998, c’est aussi 120 dépôts de plainte à la commission d’indemnisation des victimes d’infractions auprès du tribunal de Dunkerque, après s’être rapproché des avocats du cabinet Ledoux. Il faudra attendre 2 ans avant la création des fonds FIVA par Martine Aubry, Ministre en charge des affaires sociales. Et le travail continue. Depuis 2 ans, l’APDA instruit aussi des dossiers dits domestiques ou d’aggravation, soit des personnes touchées indirectement par l’amiante. « Ces dossiers sont très compliqués car il n’y a pas de prise en compte en maladie professionnelle, mais nous avons quand même obtenu une indemnisation du FIVA, note le Président.

Par rapport aux malades, nous trouvons aussi de grandes détresses, physiques ou morales, mais aussi des situations de colère, Il s’agit pour nous de les aider. Nous avons obtenu de toute personne ayant des documents médicaux prouvant la présence d’un mésotélium, reçoive une provision sur l’indemnisation, de 80 à 90 000 €. »

 

Des relations difficiles

Dans le même temps, une drôle de relation s’est mise en place entre l’union locale CGT et l’APDA. On ne peut s’empêcher d’avoir l’impression que l’UL se moque éperdument de cette association malgré les résultats : «  En 2000, le secrétaire m’a dit qu’il ne savait pas que nous existions. » Pourtant, l’APDA est affiliée à la CGT. Localement, l’APDA a aussi envoyé de nombreux courriers au maire du Dunkerque et au président de la communauté urbaine, soit à Michel Delebarre, entre 1998 et 2005. Il finit par être reçu. Suite à cela, la CUD a été interpellée quant au montant des subventions :  Nous avons 3 000 € en 2003 et 1 300 € en 2002, Ascométal a obtenu 1 300€ en 2003 et 1 000€ en 2002, dénonce le président. Pour l’ARDEVA, c’est 20 000€ en 2002 et 23 000€ en 2003 ! Tant mieux pour eux, mais quand même !! Lorsque j’ai rencontré Michel Delebarre sur ce point, il nous a dit qu’il avait toujours travaillé avec l’ARDEVA et a annoncé qu’il prendrait tout le monde en compte désormais. Si on regarde le volume des dossiers ou le nombre d’adhérents, et ce n’est pas une gloire pour nous, nous sommes la plus grosse association individuelle et locale de France avec 2 500 dossiers traités depuis 3 ans. Nous représentons un quart des indemnisations du FIVA. En 2003, nous avons obtenu 9,9 millions € pour nos victimes, 11,8 millions € en 2004 et nous sommes pour l’instant à 8,5 millions €. Ces sommes se divisent entre malades, les veuves, et les ayant droits en général. 5% partent à l’avocat. Nous ne demandons qu’une cotisation de 5 € à l’association.

 

Le coup de colère de l’APDA

Le 23 novembre 2005, une délégation de l’APDA était entendue à l’Assemblée Nationale par la mission d’enquête. Plusieurs points ont été évoqués comme : pourquoi ne pas avoir utilisé d’autre procédés que l’amiante dans les BTP. «  J’ai dénoncé aussi ce qui se passe actuellement, fulmine Marcel Suszwalak. C'est-à-dire que 10 personnes en France gèrent le dossier de l’amiante ! Pourquoi eux décident-ils de tout ? Pourquoi l’ANDEVA bénéficie-elle de 2 postes au FIVA ? Encore une fois l’ANDEVA s’est fait représentée comme seule association travaillant pour les victimes ! Nous n’avons appris cela qu’en 2005 ! »

Parmi les membres du FIVA, il y a aussi Michel Parigot, enseignant à Jussieu : «  Je trouve lamentable qu’à Jussieu on n'est qu’à 140 dossiers alors que des millions d’étudiants sont passés par là. Pourquoi lui ? Il n’est pas juriste, ni scientifique, il n’est que médiatique. En fait, on nous répond que nous ne sommes pas suffisamment médiatiques, nous nous on n’aime pas ça ! Nous n’utiliserons jamais les personnes concernées par ces dossiers pour faire des coups médiatiques ! La cour de cassation a débouté la demande de rejet des jugements de Dunkerque et Douai. Les avocats savaient dès le départ que cela ne pouvait aboutir à cause d’un vide juridique. Depuis de nombreux mois, si on savait cela, pourquoi avoir maintenu une ambiance mal saine vis-à-vis des malades et des ayants droits ? Nous espérons que les gens manifestant vont prendre conscience de ce qui s’est passé. Nous compatissons avec les victimes. Le jour où nous manifesterons dans la rue, ce sera dans le tribunal et non autour. La plainte a été mal posée et l’ANDEVA devait le savoir. En attendant, il faut qu’il y ait un procès. Nous avons déposé plainte contre l’Etat pour empoisonnement puisque c’est l’Etat qui donnait les licences d’importation ». C’est dit.

Daniel Boulogne- Le Phare - 1er décembre 2005

 

Marcel Suszwalak

APDA CGT

31, rue du Ponceau - 59140 Dunkerque.

Tél : 03 28 59 18 75

[email protected]

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